6 déc. 2011

La semaine horrible

Une rumeur se fait de plus en plus pressante en ce moment dans Hogtown: il neigerait à une heure au nord. Forcément en entendant cela on se mets à imaginer une sorte de scénario fantastique dans lequel le gros monstre tout blanc - qui serait l'Hiver Canadien - approche pas à pas de la ville qui s'était vainement blottie contre son grand lac dans l'espoir d'y échapper. Mais non, après plusieurs fausses alertes il semblerait que cette fois soit la bonne. Nous avons désormais définitivement quitté l'été plus ou moins indien et tombons droit vers le négatif, sans espoir d'en ressortir bientôt. 

Il n'empêche qu'en attendant il fait un temps de merde (de la pluie, donc), et la magie de l'hiver qui approcherait se transforme en une selle de vélo qui te trempe le jean et te donne l'air con en cours et des gouttes gelées qui te filent la crève. Le Centre for International Experience, heureusement, organise des réunions d'information pour apprendre aux gens des pays chauds que nous sommes comment s'habiller, se nourrir et globalement éviter d'y rester d'ici le mois d'avril. Je n'ai pas pu y assister.

Et pour cause, la semaine qui vient de se terminer était ce qu'on peut appeler une semaine "horrible". Le terme est exagéré dans la mesure où il n'y a pas eu d'effroi en soi, mais plutôt un harcèlement quotidien de la part de ma conscience qui souhaitait à tout prix réaliser le triple objectif de la semaine: 1. Rédiger dans les temps mes quatre papers (soit un total de 35 pages donc 5 en catalan) tout en m'assurant des notes supérieures à 90%. 2. Ne pas dépenser plus que les 20 dollars qu'il me restait pour la fin de mois. 3. Dormir suffisamment pour être en forme pour ma soirée d'anniversaire programmée le samedi suivant.

Ainsi donc, et pour la première fois de ma vie, j'ai réussi à combiner sérieux, économies et hygiène de vie. Bon, ça n'a duré que 5 jours et je dormais en fait le jour, mais je n'étais pas peu fier d'être en mesure de rendre tous mes travaux en temps et en heure, et avec le sourire. J'ai donc, en une semaine, expliqué quels clichés racistes véhiculait inconsciemment le zouk commercial des Antilles françaises, raconté en catalan l'histoire du Roussillon, expliqué à l'aide de six théories différentes l'évolution des taux de criminalité d'une ville moyenne canadienne et expliqué en quoi la Science était un média en utilisant des notions d'architecture.

 Mon sujet d'étude



Le répit n'est que temporaire dans la mesure où deux partiels m'attendent au tournant le 12 et le 19. Des partiels auxquels je dois exceller si je veux pas me faire chauffer les oreilles par Élodie Luquet et surtout échapper à une nouvelle dissertation sur le gouvernement des Juges. À priori ça pourrait le faire - même si je suis pas rassuré pour le premier d'entre eux, la musicologie, où le professeur retire symptomatiquement un pourcentage non négligeable de points à chaque faute de langue. C'est ça aussi d'étudier dans l'une des dix meilleures universités du Monde et dans la meilleure université du Canada loin devant McGill. Désolé pour l'absence de virgule mais c'était fait exprès.

À la fin de la semaine horrible a eu néanmoins lieu un évènement de taille: j'ai eu 20 ans. Il était donc de bon ton de fêter ça dignement avec des breuvages alcoolisés, même si pour diverses raisons - notamment le videur le plus con du monde associé à un pénis en plastique collé sur mon nez - l'alcool vînt à manquer. Le début de la soirée commençait pourtant en fanfare puisque j'ai eu l'excellente surprise d'avoir plein de cadeaux qui, à ma grande surprise, étaient axé autour de l'imaginaire phallique. Ça m'a quand même énormément fait plaisir. J'ai également reçu de nombreuses cartes, des messages immatériels sur divers réseaux sociaux et surtout des fleurs d'une fille qui doit sacrément m'apprécier.
Photo moyenne mais je porte le masque de pénis.
Photo qui d'ailleurs pose la question des facteurs qui amènent cette fille à m'apprécier.
Mais ceux qui occupent à présent mon esprit sont les nombreuses personnes qui vont (enfin) venir me voir à Toronto dans les prochaines semaines. Le 14, Clémence et Guillaume. Le 17, mes parents et mon frère. Le 21, la fameuse nana qui m'apprécie pas mal. Le 27, Marianne et Sarah. Le 29, direction Montréal pour le Nouvel An pour retrouver plein de copains dont des gens qui viennent de très loin. À part se les cailler, il y a de fortes chances pour qu'on fasse les foufous et qu'ont passe cinq jours extraordinaires. Ou bien ce sera moyen, chacun de nous ayant énormément changé en un semestre de 3A et nos affinités n'étant plus ce qu'elle aient pu être.


Allez, viens !
Je tiens à rassurer les personnes citées plus haut ainsi que celles non citées (j'attends vos dates les gourmands), dans l'hypothèse où elles liraient: il y a de la place chez moi. Quand Louise sera là et que la place viendra à manquer, il n'y a quand même pas de souci pour vous trouver un lit grâce à la générosité avérée ou supposée des personnes qui m'entourent. Pendant que j'y suis, j'ai de salvatrices vacances du 20 au 26 février et compte partir skier autour de ces dates et notamment traverser le continent. Me conseilleriez vous: 1. de prendre l'avion aller/retour et de gagner plein de temps sur place ? ou 2. de payer 30% de plus pour le trajet et de traverser tout le Canada avec le train pendant 4 jours en prenant plein de photos ?

28 nov. 2011

La semaine à la Nouvelle York

Je n'ai pas mis les pieds à Toronto pendant deux semaines, et pour cause, j'étais successivement à Montréal puis à New-York. Montréal j'y suis resté 6 jours et New-York 5 et c'était très cool. [notez que ce paragraphe a été rédigé il y a plus d'une semaine mais que papers obligent j'avais dû m'arrêter là. Depuis d'ailleurs je me fais un peu chier au 593 Bathurst St. Toronto, ON M5S 2P8]

Montréal on s'en fout un peu, c'est un peu comme la banlieue de Toronto - et personne raconte sa semaine à Meudon sur son blog de 3A.
J'étais déjà allé à New-York il y a trois ans avec mes parents, on avait fait tout les spots touristiques, musées, et quartiers de la ville. Il ne me restait plus donc qu'à faire la fête, ce que je n'ai pas manqué de faire malgré mon jeune âge et l'absence de fausse carte (j'ai des relations, vous comprenez).


Enfin, quand je dis jeune âge, j'exagère: j'ai quand même presque 20 ans dans la mesure où mon anniversaire tombe le 3 décembre, 3 décembre, 3 décembre. Mais je m'égare accidentellement. Donc, New-York, bon, grosso merdo j'ai passé mon temps à faire de la photographie. En effet j'ai un appareil photo et suis donc photographe. Je me suis aussi fait quelques cadeaux chez Uniqlo notamment.


Je suis en mesure de recevoir le courrier postal.





Tout commença dans le bus pour New-York. Il faut savoir qu'il faut environ 10h pour parcourir en bus les 552.99 kilomètres qui séparent les deux agglomérations, arrêt à la douane compris. Malheureusement un hasard de calendrier a fait que je suis tombé sur le bus le plus nul de la compagnie, à savoir celui qui tombe 2h en panne après l'arrêt à la douane et qui doit ensuite rouler lentement pour éviter tout ennui. Au lieu d'arriver à 8h15 je suis donc arrivé à 13h à Manhattan. Une métrocard et un crochet vers la 59ème plus tard j'avais les clés de chez Victoire et pouvais piquer un petit somme sur le canapé en cuir de son salon.


Réveillé par la néanmoins sympathique colocataire de Victoire, vers 16h, je me suis attelé à remplir l'objectif officiel de mon week-end, à savoir la photographie. J'ai notamment pris la croûte ci-dessus, c'est à Greenwich Village à environ 2,50 mètres du porche de Victoire. Vous pouvez admirer mon souci du détail en cliquant sur la photo.



Sur la même rue, toujours dans Greenwich Village. L'usage du noir et blanc m'a valu pas mal de likes sur Facebook, c'est un peu une consécration. Ce soir-là j'ai rejoint Alexandra chez elle afin de parler de choses et d'autres et de boire des bières sur son rooftop en face de l'Empire State Building. Quand je dis en face, je veux dire vraiment en face, genre, de l'autre côté de la rue. Il y avait des transats et une terrasse en teck. Je savais que personne me croirait.

Greenwich Village toujours. Il faut savoir que ce quartier est assez bordélique. En effet vous n'êtes pas sans savoir qu'à New York les rues sont horizontales et les avenues verticales, deux rues et deux avenues ne pouvant en théorie jamais se croiser. Et bien dans ce quartier la 13ème croise la 4ème et ce simple fait nous a empêché avec Leila de trouver un restaurant sans Google Maps. L'unique conclusion à tirer de cette affaire est que le retour à Paris sera d'une rudesse à s'en éclater la boîte crânienne contre une façade haussmannienne.

Évidemment mon âme de journaliste du dimanche m'a poussé à m'intéresser au New-York post-11 septembre, puisque Occupy Wall Street venait tout juste de se faire lourder. J'ai donc voulu m'essayer à un exercice tout nouveau en allant à la rencontre de pompiers situés tout près de Ground Zero pour leur poser les questions bateau que des milliards de connards ont posé avant moi. Malheureusement pour ma vocation d'une demi-journée je n'ai croisé personne à proximité immédiate de l'entrée et je n'ai pas osé pénétrer plus profondément la caverne. Pardon, la caserne. Étrangement après que j'eus pris cette photo un type m'a demandé son chemin, il a dû se dire qu'un type qui prenait des photos de tout et n'importe quoi devait forcément être un mec du coin.
Il y a trois ans, lors de ma première visite, j'avais pris ce cliché de Ground Zero en construction d'un endroit très précis dans le centre commercial d'à-côté. Vous noterez qu'à l'époque il y avait plus de trous que de tours (alors que le projet final prévoit quatre tours et deux trous).

 Et donc je suis retourné au même endroit pour prendre la même photo afin d'illustrer la puissance américaine qui ne faiblit pas. Notez un peu les énormes progrès qui ont été fait: j'ai moi-même été surpris de voir deux belles tours déjà bien plus hautes que leurs voisines être apparues en trois ans à peine. Par contre impossible de retrouver l'angle exact de l'époque, je n'étais pas assez à gauche ni assez en hauteur et pourtant je suis retourné sur l'exacte même plate-forme. Rétrospectivement je me demande si j'étais pas monté dans l'escalier fermé au public juste à coté. Ou bien l'expansion de l'univers a changé à jamais cette perspective. Nul ne saura jamais.

Énervé de ne pas avoir pu trouver le bon endroit où prendre ma putain de photo je suis allé me défouler dans la salle de boxe la plus proche. Pour moi, le sport, c'est vraiment une soupape qui me permet de m'aérer l'esprit après une contradiction. L'occasion de rencontrer Jerry (je me rappelle plus de son vrai nom mais il avait vraiment une tronche de Jerry), qui était dans cette même salle de sport au moment où les tours sont tombées. Un de ses amis est mort à l'intérieur. Il ne sait pas s'il est mort d'asphyxie, d'être passé par la fenêtre, d'avoir été pris dans les flammes ou d'avoir été écrasé par l'effondrement. Une chose est sûre, tout n'est pas clair sur cette histoire et Jerry revient ici tous les jours, parce que c'est juste à coté du mémorial et que si on découvre quelque chose de nouveau c'est ici qu'on l'apprendra. Et puis Jerry aime la boxe.

Situé entre Wall Street et le World Trade Center en reconstruction, au milieu du quartier le plus dense et franchement étouffant de New-York, ce joli petit cimetière abrite beaucoup d'inconnus qui n'ont sûrement jamais connu le New-York d'aujourd'hui et qui n'ont donc jamais demandé à reposer dans un quartier aussi bruyant.

Une fois finie ma petite balade dans le sud de Manhattan je suis allé à Times Square. Grand classique de New York vu et revu des centaines de fois, j'y suis surtout allé pour voir le world-famous Cardstand. Ceux qui comprennent sont des rois, les autres ont gagné un aller-retour vers knowyourmeme.com (ou Google Images). Je suis ensuite monté sur les escaliers rouges du côté nord de la place pour prendre LA photo que tout le monde prend toujours. Malheureusement, sous le coup de l'émotion, erreur bête: je me suis trompé de direction et ai pris le mur de derrière (oui j'ai bel et bien pensé à cette blague sur le moment).

Après Times Square, Ground Zero et Wall Street je me suis dit que c'était quand même débile d'aller dans des endroits où j'étais déjà allé. Du coup je suis allé sous terre: dans le métro. C'est jamais difficile de se promener au bord des rails ou dans les tunnels de service, il n'y a souvent qu'une petite barrière à franchir. J'y suis pas resté longtemps parce que je voulais pas non plus me perdre ou me faire mordre par un rat mais j'ai pris quelques photos sympas, comme celle-ci.

Toujours dans une dynamique d'explorer le côté sombre et dangereux de New-York, je suis allé dans Central Park la nuit. Brrrr les côchers sans tête et autres violeurs/découpeurs de gens. En fait c'est tout à fait éclairé et bon enfant, il y a des joggers et des clochards en train de chiller. C'est donc assez joli même s'il m'a fallu une bonne heure pour arriver en bas depuis un peu moins du milieu.

Brrr Central Park la nuit, c'est dangereux, c'est malfamé. Ici un terrain de softball transformé en patinoire et des enceintes diffusant très fort les chants de Noël les plus bucoliques, à savoir LMFAO, Justin Bieber et autres Black Eyed Peas.

Contraste assuré avec ce petit lac un peu plus bas, fort mignon avec ce couple qui s'engueulait et ces gosses qui braillaient. Je m'y suis quand même posé quelques minutes, la réflexion des lumières de la ville dans l'eau du lac m'inspirant toutes sortes de pensées sur la réflexion des lumières dans l'eau des lacs. J'ai pris la photo, elle est bien à l'endroit. Dîtes moi si c'est de l'art.

Après ce petit moment d'introspection j'ai pris le métro pour rentrer. J'étais, comme on disait en 2006, en mood observateur de la vi(ll)e et ai donc su apprécier ce petit moment de calme, à savoir un guitariste jouant un morceau de classique et un couple s'enlaçant. Pensant prendre le cliché de la journée j'ai pris la photo en vitesse avant qu'il ne soit trop tard. Malheureusement le cadrage et la mise au point sont foireux, et surtout les regards que me lancèrent autant l'homme que la femme m'arrachèrent à ma posture d'explorateur sensible et m'obligèrent à jouer celui qui testait simplement un nouvel objectif lambda dans le vide.

Il s'agit bel et bien d'une publicité pour un service de location d'espaces de stockage qui a décidé de se lancer dans la politique. Je dois reconnaître que c'est une subtilité de la culture américaine que je n'ai pas compris.

Le lendemain j'avais pour projet d'aller dans le Bronx, et plus précisément dans le Sud du Bronx, là où précisément il ne faut pas aller. Malheureusement c'est un peu le bout du monde et le timing m'obligeait à y aller de nuit, ce qui avait moins d'intérêt tout en étant d'après pas mal de guides touristiques plutôt suicidaire. Je suis donc à la place allé me balader dans Brooklyn. Forcément, c'est tout de suite plus hipster et artsy. Je n'ai même pas eu à booster la couleur de la photo ci-dessus.

Bon, là, j'ai évidemment appliqué un filtre. Je trouve que ça rend pas mal avec la luminosité qui était assez faible et le mur peint en verre pâle. Oh wait, is that two baby dolls hanging on that power cable ?

Dernière petite trouvaille, un espèce de marché un peu concept dans des conteneurs moches donc beaux, où les magasins sont les mêmes chaînes que partout ailleurs à l'exception des prix qui sont plus élevés. Artsy, et hipster. Après ça retour à Manhattan par le métro qui passe sur le pont mais d'où en fait on voit pas grand chose, arrivée dans Chinatown, traversée de Little Italy (d'une authenticité à couper le souffle), traversée de Soho, consommation de breuvages à base de houblon chez Leila et recherche du fameux restaurant introuvable dans West Village. Le lendemain je montai dans le bus à 22 secondes près et rentrai à Toronto.

3 nov. 2011

La nuit sur King St.

J'avais dit que je le ferais et je l'ai finalement pas trop fait, mais j'ai bien l'intention d'abreuver ce blog de clichés d'une ville qui le mérite amplement. Je commence donc maintenant, avec King Street. C'est un peu l'image classique que l'on a de Toronto, le petit New-York. Grandes tours, rues bondées et businessmen. Moi, je viens à peine de découvrir ce coin de Toronto. Il n'a rien à voir avec mon quartier, rien à voir avec le quartier juste au dessus, rien à voir avec le quartier juste au dessous. 

Il faut savoir que Toronto est une ville importante dans l'industrie du cinéma. De très nombreux films sont tournés ici, notamment grâce à King St. qui ressemble énormément à Manhattan. Mais je trouve que The Annex ressemble plutôt à San Francisco, bizarrement. Old Town est plutôt l'image que l'on se fait de Boston. Le campus de U of T, c'est Cambridge. Chinatown, on n'est plus en Amérique. Bref, au final, Toronto ressemble surtout furieusement à Toronto - ville unique, morcelée au mètre près.

Quelques clichés, donc, de King St. C'est en toute modestie que j'ai pris ça, j'espère que l'atmosphère particulière du Financial District se sentira. En cliquant dessus les images s'agrandissent en principe.

J'ai commencé par ce quartier simplement parce qu'il est le plus impersonnel, et comme je l'ai déjà expliqué j'ai du mal à photographier l'humain, par timidité ou par modestie. J'ai à la fois peur qu'on me pose des questions sur mon travail et de passer pour un spectateur, ce que je n'aime pas être.
Quatre clichés pour quatre croisements. C'est grosso modo la taille du Financial District, qui ne concerne que quelques blocs. Il est impressionnant de voir comment les quartiers qui font l'image d'une ville sont les quartiers que les habitants expérimentent le moins.
On se sent ici dans un microcosme qui semble auto-suffisant, tourné autour de lui-même. On y croise des allures et des comportements qu'on ne croise nulle part ailleurs. Les banques, les assurances, les financiers s'élèvent toujours plus haut dans le ciel de Toronto: des dizaines de tours sont en construction dans le centre. Pour autant, la masse qui fourmille tout autour ne semble pas s'y intéresser. On voit le Financial District comme une silhouette toujours là, au loin, à coté de la CN Tower; mais il est tourné vers ses semblables, pas vers nous.
Véritable icône de la ville, la CN Tower n'est pas à proprement parler dans le Financial District, elle n'en est proche que dans sa verticalité. En fait, elle existe en elle-même et a une certaine tendance à accrocher le regard. Elle change régulièrement de couleurs et de compositions. Pour comprendre cette tour, essayez d'écouter quelque chose comme "Maggot Brain" de Funkadelic et regardez la nuit par votre fenêtre.


Cela fait maintenant plusieurs jours que je passe sur le campement d'Occupy Toronto, à St. James Park. J'invite tous ceux qui peuvent à m'y rejoindre. Mon prochain article en parlera.

1 nov. 2011

La semaine des mid-terms

Une fois n'est pas coutume, je vais parler un peu de mes cours. On a tendance à l'oublier, mais une année d'échange c'est avant tout un échange universitaire, donc des cours. Les mid-terms sont là pour nous le rappeler. Situés au milieu du semestre, ils comptent en général pour 30 à 40% de la note finale, c'est à dire pas pour des prunes - même si les prunes sont pas données ici.

J'ai quatre cours ce semestre: criminologie, musicologie, architecture et catalan. Je raccourcis évidemment, aucun de ces libellés ne décris correctement leur substance. Il sont dans l'ensemble pas trop chiants et toujours en anglais. Anglais que je commence sérieusement à maîtriser comme un Dieu maintenant, je me suis surpris à rigoler à un film anglophone non sous-titré (Scott Pilgrim vs. The World, ça se passe à Toronto, dans mon quartier, dans les clubs où on sort, c'est pas mal).

La scène du film où ENFIN il la choppe
Mais ça n'est pas intéressant. Il est attendu d'un blog de 3A de regorger d'anecdotes croustillantes et d'histoires hilarante. Ça vient: j'ai cassé mes lunettes, volé une pizza, ai eu accès à l'after VIP d'une frat-party, me suis fait virer de l'after VIP d'une frat-party, fait des soirées chez moi, ai été bourré. Tout cela la semaine des mid-terms. 

Mon cours d'architecture n'est pas vraiment un cours d'architecture: on commente bien sûr des diapositives de bâtiments et de plans, mais on a aussi des assignments sympathiques à rendre, tel que le carnet de bord. Exact même principe qu'en Humanités Scientifiques version médias et architecture - j'ai pelle-mêle eu l'occasion de parler de Catalogne, du Barça, de Pedobear, d'une tour à Toronto, de /b/, de Rick Roll, de Kamel Ouali, de mes chaussures, de Spiderman, de feux d'artifice, de Beethoven ou encore de Georges Abitbol, l'homme le plus classe du monde. Et oui, à chaque fois j'ai fait des croquis.

Une page de mon devoir 
Sinon la criminologie c'est chiantôs, la musicologie (ou plutôt mon cours de Caribbean and Latino-American Music) c'est à la fois chaud et caliente (jeu de mot idiomatique, merci de ne pas relever) et le catalan c'est méga-dur dans la mesure où on a que deux heures par semaine pendant 12 semaines pour achever un programme prévu pour être réalisé en un an à temps plein. 

J'ai cassé mes lunettes en m'éclatant la gueule dans la rue en vélo. Mais elles sont pas réellement cassées, c'est juste un des trucs qui se pose sur le nez qui s'est cassé, mais je l'ai récupéré donc je les ferai réparer très vite. J'ai volé une pizza aussi, c'était dans je sais pas quelle pizzeria sur Bloor St., de nuit. Je me suis rendu compte que le lendemain matin que j'avais 1. une boîte de part de pizza dans ma chambre et 2. la monnaie exacte nécessaire à l'achat de cette part de pizza dans ma poche (et non mon porte-monnaie).


La frat-party
Le coup de la frat-party c'était samedi dernier, pour Halloween. On était allé avec plein de gens dans une frat pas loin qui faisait une grosse soirée. Y'avait pas à dire, la soirée était grosse même si pas forcément fun quand on comprends que les 3/4 des gens de la grande salle font la queue soit pour la bière soit pour pisser. Tout s'est arrangé à la fin, quand tout le monde se faisait virer. Par la magie du relationnel j'ai eu accès avec Michael et Julien à l'after, ambiance un peu VIP avec que les mecs de la frat, les meufs qu'ils ont/vont se faire, et nous. Vraiment sympa d'autant qu'on prenait toute la bière qu'on voulait. Malheureusement tout s'est terminé quand mes deux compères ont décidé de s'épancher sur le mur de la cuisine. On s'est fait violemment virer, ils ont pas pu récupérer leurs vestes, ils ont peur d'y retourner.


Le lendemain on est allé à Kensington Market où avait lieu comme tous les dimanches d'été le Pedestrian Sunday. Un peu spécial cette fois vu que c'était Halloween et le dernier de l'année: énorme parade des morts dans la rue (et le maître des morts, l'organisateur, a vécu à Paris et m'invite dans son restaurant français sur Queen St.) et grosse soirée bien arrosée dans un parc du quartier. Concerts d'électro, de rock et de musique israélienne en hébreu. Gens qui crachent du feu et qui jonglent avec. Hipsters. Une soirée très stylée qui s'est terminée en beauté avec un Big Fat Burrito qui devait peser facile 800 - 900 grammes.

la Parade des Morts à Kensington
À vrai dire ça me gave pas mal de tenir ce blog maintenant. J'ai des trucs à raconter mais j'ai vraiment la flemme de réfléchir à mettre en forme des souvenirs vagues/flous/mélangés. C'est pour ça que mon propos peut sembler incohérent. En réalité le quotidien est plutôt normal ici, rien d'extravagant: se lever, se laver, acheter à manger, faire les pâtes, faire du vélo, compter ses sous, dépenser ses sous, dormir. Attendre qu'il neige pour partir skier.

Oui car vous avez dû voir les reportages à propos de l'énorme tempête de neige qui frappe l'Amérique du Nord. C'est pas nous, c'est plus bas. Toronto est la ville la plus chaude du Canada, il fera entre -5°C et -10°C en janvier-février, et celle où il fait le plus beau. Je rigole donc grassement en voyant les statuts facebook de mes collègues en Pennsylvanie, au Connecticut ou à New York. Oh wait, j'y suis dans 10 jours..

En ce qui concerne les voyages c'est un peu blasant mais l'absence totale de vacances pendant l'année scolaire rend très difficile l'organisation de quelque chose de sympa. Whistler reste mon objectif de février mais je cherche du monde pour m'accompagner (des gens de Vancouver ??). Un retour en France est envisageouillé en mars. Le mois de mai est libre à toute proposition nord-américaine ou océanique, en fonction de beaucoup de variables.

17 oct. 2011

La masse de trucs à raconter

Ça fait à peine une semaine que je n'ai pas publié, et pourtant j'ai la masse de trucs à raconter. Genre vraiment beaucoup, et pas que des anecdotes à la noix. Je vais donc essayer d'en oublier le moins possible et d'être clair. Or devant la multitude et la variété des histoires que je m'apprête à raconter, donner une cohérence au texte semble ardu. Je vais donc ne pas en donner, et rédiger les paragraphes dans un désordre aussi chronologique que logique.

Sur la route je ressentais déjà l'excitation que procure le ski: en effet le show se situait tout en bas, au bord du lac, à une quinzaine de minutes à vélo. Le problème c'est que le vent soufflait fort et était plutôt glacial. Je me retrouvai à pousser pour avancer alors que j'étais en pente, un peu comme quand on passe un col en ski sous un temps de merde et qu'on a peur de tomber dans le ravin sur la droite parce qu'on ne peut plus voir les filets oranges. Un grand moment.


Montréal c'était plutôt génial. Outre le fait que des potes à moi s'y sont agglutinés, c'est aussi une sorte d'Amsterdam de l'Amérique du Nord. Il faut savoir qu'à Toronto, tous les mecs un peu ghettos ne jurent que par Montriol, la ville où tout est permis. Et en effet, cette ville, c'est de la grosse folie: on peut acheter de l'alcool dans n'importe quel supermarché jusqu'à 11 heures, et les bars et boîtes ferment à 3h !! Énorme, non ? 
Bref, j'ai pas vu la lumière du jour ce week-end là.

Mon nouveau t-shirt
Pour aller de la station de bus à chez moi, il y a une bonne vingtaine de minutes à vélo en côte. Autant vous dire qu'à 6 heures du matin dans un état que l'on aurait du mal à qualifier de sobre l'exercice s'est révélé pour le moins dangereux - d'autant que je transportait avec moi ma valise carrée très compacte et très lourde. Ça n'a pas manqué, je me suis étalé sur College St, ma roue avant s'étant mystérieusement détaché. Je pense que quelqu'un a essayé de me la voler pendant le week-end, mais j'avais prévu le coup et installé mon super antivol de manière a ce que ma roue ne puisse être enlevée. La valise n'a pas survécu et je la découpai une demi-heure plus tard pour en extraire le contenu.


Megabus c'est vraiment super: je suis parti à Montréal pour une cinquantaine de dollars aller-retour, et j'avais le wi-fi dans le car. En revanche, chose à laquelle je n'avais pas pensé, j'aurai dû penser à prendre une bouteille d'eau. J'ai beaucoup souffert jusqu'à l'arrêt à Kingston où des rafraîchissements nous étaient proposés par un personnage que je suppose historique, à savoir une dame trop grosse pour rentrer dans le cadre de la porte du car (pourtant large) mais possédant la voix la plus aigüe que j'avais jamais entendue, enfants compris.


Et là moment de l'angoisse: alors que nous avions enclenché le mode pyrolyse pour nettoyer simplement le four rendu dégueulasse par l'énorme dinde cuite la veille, des flammes sont apparues à l'intérieur de ce dernier. Nous ne réagissions pas immédiatement, pensant qu'il n'y avait pas de raison de s'inquiéter, jusqu'à ce que le produit nettoyant appliqué sur la gazinière se mette à frire et la fumée toxique et brûlante provoquée par cette friture à envahir la maison. Par réflexe nous éteignions le four, mais différents forums Internet nous ont bien indiqué que c'était sacrément dangereux, surtout quand le gaz se met à chauffer anormalement. 


Arrivé au Toronto Ski Show, le plus grand salon nord-américain sur la montagne, c'était le rêve: des mecs stylés partout, des skis moitié prix, des fringues de neige moitié prix, une piste de ski-park intérieur où des foufous enchaînaient les tricks de folie. Bref le rêve. J'ai dépensé beaucoup tout en faisant de bonnes affaires: une paire de Fischer RC4 (neuve), un pantalon de ski, des gants Gore-Tex en cuir sur le devant, un masque de ski. À part les skis qui sont de très bons skis, le reste étaient vendu à un prix ridiculement bas (-75% en général).

Toronto Ski Show
 On avait trois occasions de mourir pour de vrai ce soir là: que le gaz prenne et fasse sauter la face Est de la maison, que nous nous rendions pas compte de la fumée (on a désactivé l'intégralité des alarmes incendie) et que nous mourrions intoxiqués, ou bien finir par ouvrir le four pour inaugurer l'extincteur et nous prendre un énorme retour de flamme dans la gueule - idée qui nous a sérieusement traversé l'esprit. De cet épisode peut être développé un constat simple mais terrible: sans Internet et l'espèce de Doctissimo version accidents domestiques que nous avons consulté nous serions morts. 


Quand j'ai pris mes billets pour Montréal j'avais pas réalisé que le lundi suivant le week-end en question était férié, Thanksgiving canadien oblige. Du coup je me suis retrouvé à 6h du mat' à Toronto pour rien, puisque j'avais pas cours. Mais le point positif est que du coup j'ai pu participer au superbe dîner de Thanksgiving orchestré collectivement et mis en œuvre chez moi. Au menu: énorme dinde, soupe de potirons, purée de citrouille à la cannelle et aux nachos, purée de pomme de terre, coulis de canneberges, rognons de porc (je crois), champignons, maïs, tarte aux pommes, maté. Le tout fait maison. Moi j'ai fait la vaisselle.

Dîner de Thanksgiving: le moment où tout a dérapé
Et alors je me suis rendu compte que je ne pourrai pas voyager des masses du fait que je n'ai aucune vacances de toute l'année et qu'il est peu probable qu'en mai il me reste du fric. J'envisage quand même de retourner en France par l'autre coté, c'est à dire en passant par la Californie, l'Australie, l'Asie et l'Europe de l'Est, faudra que je vois notamment avec le niveau de flexibilité de mon billet flexible. Je vais quand même tout faire pour partir à Whistler en Février, ça s'organise lentement. 


J'étais logé à Montréal chez Hortense, fille la plus gentille du monde dans la mesure où elle m'a logé alors que je lui avais fait croire que j'allais à la Fistinière. Benjamin Hoché de Montfort a récupéré son dollar. Quelqu'un est parti de chez Clémence Bourillon et Guillaume Allenet avec mon bonnet cadeau de Noël. Le Saint Sulpice est un grand bar où le pichet coûte 9,75$. La vieille ville ressemble à un sous-centre ville de sous-ville de province, d'ailleurs les québecois disent "chocolatine", ce qui fait très province. J'ai eu plus de facilité à communiquer en anglais qu'en français. Il est très dur de trouver à bouffer à 5h du matin. Je ne suis pas sorti des 3 ou 4 rues qui composent le quartier des bars.


En plus Megabus c'est moins cher et plus rapide que Greyhound, le cumul étant assez avantageux. Quelques dizaines de dollars pour n'importe quelle ville de la côte Est. L'aéroport de Buffalo est également accessible pour une poignée de dollars, et de là l'aller retour vers la Californie est à 300$. J'ai également des capacités généreuses d'hébergement dans une grande maison en centre-ville, à mi chemin entre le premier spot de bars de la ville et le deuxième spot de bars de la ville. Just sayin'.

4 oct. 2011

Le week-end à Algonquin Park

Ce week-end je suis allé à Algonquin Park. C'était coolos ! Situé à 250 km de Toronto, c'est un immense parc naturel complètement sauvage qui s'étend sur plusieurs milliers de kilomètres carrés (soit des centaines de milliers d'hectares). Une route le traverse tout au sud, mais en dehors de cela c'est un réseau complètement vierge de lacs et de forêt, où le seul moyen de transport est le canoë. Récit-photo, pour une fois.

On a beaucoup hésité avant de partir, car la météo annonçait de gros orages et des températures très froides. Et on a eu peur sur la route, car ces prévisions s’annonçaient correctes: une grosse pluie est tombée pendant quasiment tout le voyage. On avait loué une voiture pour l'occasion, on avait donc prévu d'y dormir.

Finalement en arrivant il ne pleuvait plus (il neigeait). On a donc décidé d'installer les tentes dans un endroit un peu tranquille. On s'est alors rendu compte qu'on en avait oublié une tente, et qu'il faudrait donc dormir à 6 dans une tente pour 4 installée en pleine nuit à la lueur des phares. Ce qu'on fît.
Le lendemain matin, au réveil, on tombe sur ça: des érables de toutes les couleurs et un ciel plutôt correct. Il faisait encore froid le matin, les affaires de ski n'étaient pas de trop. Mais on était tout excité et on décida de commencer à marcher pour grimper une montagne pas loin.

En arrivant en haut: Paf ! Prend ça dans ta gueule, Humain.

Là, c'est moi qui tire la langue.

Là ce sont mes copains.

Après avoir vu ce magnifique paysage d'en haut, on voulait retourner dedans et notamment aller vers ce lac qu'on voyait au loin. L'idée était de trouver un canoë une fois là bas et d'avancer un peu.


Finalement on est allé à un autre lac plus près mais tout aussi joli. Il y avait une petite plage sur laquelle on s'est installé pour pic-niquer. On a bu le maté, thé traditionnel argentin. On a mangé des sandwiches. Un groupe est allé grimper sur une colline au bord du lac pour voir s'il y avait une jolie vue. Moi j'ai préféré profiter un peu du lac et de la chaleur. J'étais en effet torse-nu !

Bel exemple du dégradé de couleur spécifique à l'automne canadien. C'était tellement stylé qu'on a décidé d'installer la tente au bord du lac. Ce qu'on fît (en fait on s'est installé un peu plus dans les bois, pour des raisons pratiques).

Et voilà le lac la nuit. Je vous dit pas comme j'en ai chié pour prendre cette photo: il fait -2°C j'avais les mains gelées. Je vous dit pas non plus à quel point elle ne reflète pas le dixième que ce que ce spectacle nous offrait.

Avec des branches trouvées à terre et un briquet on a décidé d'allumer un feu, pour se réchauffer et pour faire griller quelques saucisses. On avait aussi du vin. J'ai cramé un bout de ma Converse droite en me réchauffant les pieds, mais au final il faut admettre qu'un feu, c'est vachement efficace - même rien ne vaut une tente pour quatre partagée par 6 pour avoir chaud, ce qui nous incita à partir assez tôt nous coucher.

Le lendemain matin on est allé voir des rapides plus à l'est. Nommés Whiskey Rapids sur la carte que l'on avait en notre possession, ils avaient l'air cools - mais n'étaient en fait pas méga impressionnants. On a cependant rapidement aperçu un castor qui fabriquait son barrage tranquillou, ainsi qu'une grenouille. Ce qui est plutôt triste dans un parc réputé pour sa population d'élans, d'ours, de loups, de wapitis ou de caribous. Au niveau wildlife on a donc pas été gâtés, mais c'était quand même un sacré week-end. La météo un peu moins favorable que la veille et la déception causée par les rapides nous a amené à récupérer la voiture pour partir. Nous avons donc quitté le parc en direction de Toronto, avec cependant la volonté de s'arrêter au hasard sur le chemin. Nous nous sommes arrêtés à Barrie, une ville plutôt pauvre d'une centaine de milliers d'habitants au bord d'un lac, sans intérêt autre qu'anthropologique. Après un couteux mais copieux menu burger, poutine et budweiser dans le bar redneck du coin, nous sommes rentrés vers Toronto, la civilisation.

29 sept. 2011

Les escapades chez Ikea et sur les îles

Yonge & Dundas, le Times Square local
Au cas où vous ne le seriez pas: après trois semaines d'errance dans les rues de cette grande ville nord-américaine à la météo bizarre, j'ai enfin emménagé. Dimanche, en effet, j'ai pu enfin me promener tout nu dans une chambre qui n'est que la mienne, j'ai pu faire des courses en quantité un peu plus importantes que ce que la main peut contenir, j'ai pu aller à la laverie, j'ai pu choisir la tronche qu'aurait ma chambre. Bref, mon année commence enfin.

Mais pour cela, il a fallu que j'aille chez Ikea. Or les Ikea sont les mêmes partout dans le monde: grands, et loin. Le problème c'est que quand quelque chose est loin à Toronto, il est vraiment très loin. Direction donc la banlieue ouest, tout au bout d'une ligne de bus accessible depuis la toute dernière station du métro le plus long. J'arrive à Etobicoke, à mi-chemin entre Toronto et Mississauga.

Le premier constat que j'ai pu faire est le radical changement d'ambiance avec le très chicos Yonge / Bloor corner. C'est le genre d'endroit où les gens s'habillent comme dans les années 1980, ou plutôt portent les mêmes affaires qu'ils portaient dans les années 80, parce qu'ils n'ont pas le choix. D'ailleurs, ce sont des gens qui visiblement n'ont pas eu très souvent le choix dans leur vie. Etobicoke, c'est le vide. Des magasins qui sont en fait des hangars, accessibles uniquement en voiture, séparés les uns des autres par une bonne centaine de mètres de parkings et boulevards. 

On peut dire que l'on est au cœur du multiculturalisme canadien, car j'ai l'impression que c'est bien ici qu'il faut venir pour voir de la couleur. Entendez moi: ça n'est pas un ghetto, ni un quartier black - c'est simplement une banlieue où vivent les classes moyennes inférieures. C'est pas non plus la misère, il n'y a pas de meth addicts comme on peut en voir à Cabbagetown (où je compte aller bientôt) ni de gangs. Du moins j'en ai pas vu. 


Bref, dans ce décor très glam de voies ferrées et autoroutes à quinze voies (oui, quinze), il y a un Ikea dont le design passerait presque pour élégant à coté des opticiens grands comme un Auchan (Hakim Optical) et des magasins de pneus. J'en ai eu pour $173.18. J'ai acheté 16 cintres, 2 serviettes de bain, un drap-housse, un oreiller, un petit miroir, un petit réveil, une lampe de bureau, un trieur de bureau, une corbeille à papier, une passoire, 10 piles LR-6 et 2 ampoules.


Et j'ai pas fini d'acheter, vu que la literie achetée neuve pour une cinquantaine de dollars chez Honest Ed's, le magasin le moins cher du monde, s'est trouvée être sale et tachée (de sang!). C'est à ce moment que j'ai décidé d'arrêter de jouer l'étudiant fauché. Le week end prochain je pars donc avec des amis dans un parc naturel sauvage immense. Pas de route, pas de réseau, pas de parcours-santé: Algonquin Park, c'est la forêt à l'état pur et des centaines de lac. Le principal moyen de locomotion est le canoë et la boussole. On part se les cailler là bas un week-end, on va camper.


Sinon, pour achever de raconter ma vie dans le désordre, j'ai enfin visité les îles de Toronto. Pour ceux qui ne le savent pas, les diverses photos du skyline de la ville ne sont pas prises depuis un bateau lambda, mais depuis une série d'îles situées juste en face, à environ 1 mile. Je pensais qu'aller là bas c'était un peu l'expédition, mais en fait rien à voir, c'est très facile: un ferry qui part toutes les demi-heures et qui fonctionne jusqu'à tard. 


Nous nous sommes retrouvés dans un véritable oasis de verdure dans l'océan de béton qu'est cette ville typique d'Amérique du Nord. L'occasion de se ressourcer, de se concentrer sur soi dans un effort d'introspection loin du tumulte citadin et de la cohue. Oui, les deux phrases qui précèdent sont récurrentes dans les blogs de voyage kitsch lorsque sont abordés Central Park, Hyde Park ou le Bois de Vincennes. On pourrait les résumer en "l'endroit idéal pour fumer des pétards et violer des gens dans les buissons". 

Depuis un banc dans les Toronto Islands
À la différence notable que Toronto n'est pas une ville si bétonnée que ça. Je sais pas si je vous l'ai dit, mais à part les principales artères et les quelques blocs du quartier financier la plupart des rues sont complètement vertes, entourées de jardins fleuris et pleines d'écureuils. Il y a fort à parier que ce décor sera beaucoup moins idyllique cet hiver, mais quoi qu'il en soit on n'étouffe pas à Toronto. Il y a d'ailleurs en bonus plein de grands parcs, comme High Park, Coronation Park, Don Valley, Tommy Thompson Park, Sunnybrook Park et bien d'autres. À chaque fois ce sont des forêts plutôt sauvages, mais là je parle sans savoir parce que j'en ai pas encore vu le quart du tiers.

Depuis le dock, il m'en fallait au moins une comme ça

Ou deux

24 sept. 2011

Le coup de l'antivol pété



Vous vous souvenez quand j'ai parlé de ma consommation de substances nocives à la baisse ? Bon ben c'était des conneries. Enfin non, j'étais vraiment parti pour fumer et boire moins (pour des raisons financières), mais entre temps j'ai découvert que le pitcher de bière (environ 4-5 pintes) était à $10 et que les Pall Mall bleues coûtaient $5,50. Soit moins qu'en France. C'est débile mais c'est comme ça: ici les prix varient du simple au triple selon les marques, le détaillant et la gueule du client.

Ainsi donc ai-je pu reprendre paisiblement mon rythme habituel de débauche et de blasphème, me permettant comme ce soir de rédiger de manière totalement détachée mon article à 7 heures du matin. Avant de me coucher. Enfin là c'était spécial, c'est parce que je suis allé voir France-Nouvelle Zélande, un match durant lequel le jeu français était encore moins cohérent que celui du VII du Béluga. Mais les Catalans (d'adoption) ont eu l'occasion de se faire remarquer, c'est le principal.


Enfin bref, l'idée de l'article était ni de parler fête ni de parler rugby: comme le titre l'indique, je souhaitais parler cyclisme. Une discipline méconnue, parfois même dénigrée, mais qui a son charme - surtout dans une ville où un trajet à pied ne peut durer moins de vingt minutes. Je sais pas si je vous l'ai dit mais le premier réflexe que j'ai eu en arrivant a été de m'acheter un vélo. Je l'ai acheté $125 sur Craigslist, avec l'antivol ça m'a fait $150. Honnête, c'est une belle bête.

Pour l'antivol j'étais allé chez Mike the Bike, l'adresse conseillée par la plupart des rapports de stage disponibles sur le site de la DAIE. J'aurais dû me méfier que, à l'instar des budgets proposés par ces mêmes rapports, la coolitude de l'endroit était bullshit. Déjà ils te vendent des bouzes à 300 balles, l'air de rien, en t'expliquant qu'ils les ont soigneusement retapés et que franchement je pouvais rouler en sécurité avec. C'est vrai que si je me prends un taxi dans la gueule, le fait que la chaîne soit neuve me sauvera sûrement l'arcade sourcilière

Bref, après avoir acheté mon vélo j'y suis allé pour un antivol. Un antivol c'est un antivol, y'en a pas cinquante différents (pensais-je). J'ai donc pris un modèle tout dur à $25, modèle qui s'est avéré effectivement très efficace: tellement efficace que même moi je ne pouvais plus détacher mon vélo. Enfin pas dès l'achat, trois semaines plus tard, un jour de pluie, après les cours. Le truc pratique quoi.

C'était lundi dernier. Après avoir essayé pendant une demi-heure de tourner cette putain de clé dans cet enfoiré d'antivol, sous la pluie et à la fin dans le noir, je me suis résigné à rentrer à pied. Vous imaginez l'état de rage dans lequel j'étais à ce moment là, prêt à tout casser. Je me suis donc défoulé en achetant une boite de bonbons acidulés. Un achat que je n'ai pas regretté, ils étaient effectivement pas mauvais (meilleur que la baguette chez Chabichou) (c'était pour voir si vous suiviez).


Plus tard sur le chemin je rencontrai un magasin de vélo. Le mec dedans avait l'air coolos, et était effectivement sympa puisqu'il m'a proposé de revenir à la fermeture pour qu'on aille péter l'antivol ensemble, à la scie électrique (à ce moment là je le savais pas, je connaissais pas le mot scie électrique en anglais). Je suis donc allé jusqu'au Subway manger un sandwich à $13 avec un bébé paquet de chips et une boisson et suis revenu.


Je me rends compte que mon récit doit être sacrément chiant finalement. Je vais donc faire court: en gros j'ai appelé les flics pour éviter de me faire arrêter pour braquage de vélo. Ils m'ont répondu qu'ils s'en battaient les couilles et qu'ils viendraient nous arrêter si quelqu'un appelait. On a galéré à trouver une prise électrique. Ils sont pas venus nous arrêter. Je suis reparti avec mon vélo et l'antivol explosé sous le bras. Le mec m'a demandé $20 pour ça. Le lendemain je retournais chez lui pour acheter un antivol mieux à $50. Mon vélo m'a donc coûté au final $220. Je me suis rendu compte que le pneu arrière avait un souci et qu'il faudrait le changer. Je ne le changerai pas parce que merde.


Sinon je suis à Montréal du 6 au 10 octobre, à New York du 10 au 16 novembre, sûrement à Washington début novembre, j'essaye de m'organiser une semaine à Whistler en Janvier, Lou vient me voir à Noël, j'irai faire du chien de traineau sans doute à ce moment là, j'aimerai aller en Californie, j'aimerai aller à la Nouvelle Orléans pour mardi gras, j'envisage aussi Cuba. Ça c'est le coté coolos de la 3A, même si pour le moment ça se résume surtout à faire chier HSBC.


La prochaine fois j'essayerai de vous raconter les cours, histoire de rassurer papa et maman et d'assurer le coup au cas où la DAIE tombe là dessus.